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La belle carte à jouer de l’écosystème Santé de la Métropole lyonnaise : celle de la relocalisation des médicaments…

Berceau de l’aspirine à travers Rhône-Poulenc, la Métropole lyonnaise va-t-elle redevenir productrice de son grand- frère, le paracétamol (500 millions de doses vendues chaque année en France). Il représente à lui seul sous ses différentes formes, 22 % du marché hexagonal du médicament, mais n’est plus fabriqué en France.

Des discussions ont été engagées par le ministère de la Santé avec Seqens, Upsa et Sanofi très présent dans le Métropole lyonnaise pour que, d’ici à trois ans, le pays contrôle sur son sol l’ensemble de la chaîne de production du paracétamol, la molécule prescrite contre la fièvre et les douleurs.

Dans le même temps, le sous-traitant lyonnais de l’industrie pharmaceutique, Novasep a conclu mi-juin un partenariat avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca pour fabriquer la substance active du candidat vaccin contre le Covid-19, développé par le géant anglo-suédois et l’Université d’Oxford.

Des signaux forts intéressants qui pourraient bien ouvrir la voie aux relocalisations de médicaments appelés de ses vœux par le gouvernement.

Un plan à 200 millions d’euros

Lors de sa visite chez Sanofi à Lyon, mardi 16 juin, Emmanuel Macron avait annoncé un plan à 200 millions d’euros pour accélérer ladite relocalisation en France, sélectionnant déjà six projets pour un montant total de 78 millions d’euros.

Pour les 120 autres millions, un appel à manifestation d’intérêt vient d’être publié afin « d’identifier les projets d’investissements qui permettront de faire croître très rapidement la production de médicaments impliqués dans la prise en charge des patients atteints de la Covid-19 », explique le gouvernement.

“ Ces relocalisations provoquent de nombreuses réflexions au sein de l’écosystème de Santé et de Lyonbiopôle pour accélérer le processus : c’est le bon moment, il y a actuellement une vraie convergence entre les enjeux politiques et industriels “, confirme Florence Agostino-Etchetto, la directrice générale du pôle de compétitivité de dimension mondiale Lyonbiopôle.

Il est vrai qu’il y a urgence en matière de relocalisation : outre les médicaments qui ont pu manquer lors de la crise du Covid-19, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a recensé en 2018, 868 cas de pénuries de médicaments en France, vingt fois plus qu’en 2008 !

Des principes actifs venus d’Inde ou de Chine

C’est bien simple : 80 % des médicaments consommés en Europe renferment des principes actifs importés d’Inde ou de Chine.

A cet égard, l’écosystème lyonnais de Santé, avec ses industries pharmaceutiques et ses centres de recherche, ses grands groupes, ses PME innovantes qui constituent un élément-clé et ses start-up, peut jouer un rôle important dans cette relocalisation.

“Notre atout à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes, c’est que nous bénéficions de l’ensemble de la chaîne de valeur, de la R&D à la production : nous avons su conserver des usines chimiques dans la région, tout en les faisant évoluer vers des procédés utilisant l’économie circulaire, vers l’usine intelligente et éco-responsable“, détaille la directrice de Lyonbiopôle.

Et d’ajouter : “Il faut bien prendre conscience que tout est lié, des principes actifs qui nécessitent aussi de l’innovation, à la Recherche : c’est le même mouvement “.

En matière de vaccins, l’exemple a été donné avec l’investissement de 610 millions d’euros émanant de Sanofi à Marcy l’Etoile et Neuville-sur-Saône.

Pour Florence Agostino-Etchetto, “ cette annonce devrait constituer un effet de levier et un signal fort. Il faut bien comprendre que Sanofi n’évolue pas seule, mais travaille en synergie avec des PME, des centres de recherche…”

Après les vaccins, les médicaments, vont-ils suivre, désormais ? La volonté est en tout cas bien présente. L’écosystème lyonnais de Santé est dans les starting-blocks…