La grande distribution en passe d’être à son tour « uberisée » ?
Amazon n’a pas salué son arrivée sur le marché des grands distributeurs de manière tonitruante. Il la joue discrète.
Mais la secousse pourrait être sérieuse pour la distribution traditionnelle, même si nombre de e.boutiques ont déjà fleuries.
Depuis le mercredi 23 septembre, annonce notre confrère « l’Usine Digitale », Amazon.fr se lance à grande échelle dans la vente de produits alimentaires avec l’ouverture de deux nouvelles boutiques en ligne consacrées à l’épicerie et aux boissons alcoolisées. Avec livraison gratuite à la clef.
Ce qui représente 34 000 références disponibles issues de grandes marques, de PME, voire même de petits producteurs.
Exactement le nombre de références offertes par un hypermarché. Assurément pas un hasard !
Ainsi, il est possible désormais de commander sur Amazon du Coca-Cola, des pâtes ou des biscuits bio en ligne.
Vingt-cinq catégories de produits
La boutique consacrée à l’épicerie propose plus de vingt-cinq catégories de produits, comme les boissons sans alcool, les produits salés, sucrés, bio, etc.
La boutique consacrée aux bières, vins et spiritueux proposera, elle, pas moins de 4 000 références de champagnes, whisky, vodka, bières, et vins.
Ainsi, après les livres, les produits high tech ou la mode, Amazon France s’attaque a un nouveau marché, sur lequel il n’était présent que de manière embryonnaire.
Pas de quoi enchanter, assurément, les distributeurs classiques en dur, comme Casino, Leclerc ou Auchan qui bataillent déjà entre eux en magasin, sur le drive, et vont devoir croiser le fer avec ce nouvel arrivant, toujours très compétitif en matière de prix.
« Couvrir l’ensemble des moments de consommation »
La stratégie d’Amazon, qui va vendre ces produits en direct via sa place de marché, est simple. « Avec cette offre d’épicerie très large, nous allons couvrir l’ensemble des moments de consommation. Et notre objectif est d’apporter des prix bas tous les jours, avec un élément important qui est le service », indique au journal LSA, spécialisé dans la distribution, le directeur des consommables du site Amazon, Yannick Migotto.
Un cadre qui a passé plusieurs années à des postes de direction au sein du… succursaliste stéphanois Casino, chargé notamment des achats alimentaires.
Une véritable offensive se prépare donc : jusqu’ici, Amazon France qui va sûrement prendre le temps de mener son offensive, se limitait à la vente de quelques références de thé, de café et de compléments alimentaires.
Prix bas, couplés à des réductions
Les fournisseurs ont été contactés depuis plusieurs mois pour échafauder ce très important catalogue de produits disponibles en ligne basé sur un positionnement prix bas, couplé à des réductions : au-delà d’une certaine quantité d’achats, ou via des abonnements sur les produits à renouveler fréquemment…
« Lorsque Amazon est venu nous voir en juin, les choses étaient claires. Ils nous ont tout de suite dit qu’ils s’ouvraient à l’épicerie en rencontrant les n°1, 2 et 3 de chaque catégorie. Ils ont une stratégie d’offre large », indique à LSA un important industriel.
Tout dépendra de l’accueil des consommateurs : s’il est bon, tout indique que l’offre sera encore étendue dans le futur.
Et si c’est bien le cas, la grande distribution subira elle aussi à son tour le phénomène de « l’uberisation », même si en France le secteur de la distribution est bien structuré.
Concurrence à la marge ou vraie redistribution des cartes à l’avenir ? That is the question…