Les (trop ?) fortes ambitions de la région en matière économique
« Faire d’Auvergne-Rhône-Alpes-, la région leader en Europe : la région la plus dynamique d’Europe et le modèle d’une France qui réussit… » Rien que çà ! Tels sont les objectifs qu’a fixé Laurent Wauquiez, le président de la région en présentant en assemblée le SRDE2I. Lisez : Schéma régional de développement économique.
En fait, la feuille de route de l’économie régionale jusqu’en 2021. « Un simple affichage…de la com’… creux » : tels furent quelque-uns des adjectifs adressés par l’opposition à ce projet.
Il est vrai que les objectifs fixés, si l’on regarde le passé peuvent apparaître irréalistes : franchir le seuil des 50 000 apprentis dans la région ; favoriser en cinq ans, la création de 10 000 emplois dans l’économie digitale ; faire accompagner par la région des projets, concernant 50 000 emplois ; créer 10 000 nouveaux emplois dans le tourisme dont 2 000 dans le secteur du thermalisme ; passer la barre des 3 000 ETI ; accompagner 150 start-up pour en faire des PME, etc. On ne peut pas parler en l’occurrence d’un projet tiède.
On pourrait rétorquer qu’il vaut mieux se doter de projets ambitieux, même s’ils apparaissent d’emblée peu réalistes dans la conjoncture actuelle.
300 millions d’euros
Pour en juger, mieux vaut regarder les outils que la région entend mettre au service de ce projet. Au bas mot, c’est tout bonnement 300 millions d’euros : le montant global dédié par la région au financement des entreprises des la région sur la période 2017/2021.
Mais ce n’est pas tout : la région a décidé de renouer avec les aides directes aux entreprises : 20 millions d’euros en sus par an.
« L’objectif est d’offrir aux entreprises régionales, une gamme de financements efficace et adaptée à leurs besoins (capital, prêt, garantie), à leur taille, qu’il s’agisse de créateurs d’entreprise et de start-up ; de TPE, de PMEd’ETI, et à leurs projets, en matière d’innovation, d’internationalisation, d’investissement », précise le texte de soixante-deux pages dans sa version complète.
Pas mal de nouveautés feront irruption pour mettre en musique ce volontarisme affiche dont la création d’un fonds de capital décidé aux entreprises en amorçage à forte intensité technologique : il devait voir le jour en 2018.
On verra aussi l’arrivée d’un fonds de capital, consacré, lui à la création d’entreprises innovantes, prenant la succession de Rhône-Alpes Création 2 : près de 50 millions d’euros.
Les fonds européens à la rescousse
Les fonds européens seront enfin appelés à la rescousse à travers un autre fonds, généraliste, lui, dont l’originalité est le fait qu’il sera aussi co-abondé par des fonds privés. Un fonds destiné à avoir un fort effet de levier puisque la région ne mettrait que 10 à 15 millions d’euros dedans.
Autre innovation, Laurent Wauquiez ne cache pas que la région prendra si nécessaire une participation directe au capital d’entreprises « jugées stratégiques pour le développement du territoire ».
Il faut ajouter à l’arsenal mis en place un système de « fonds de prêts », ciblant « les investissements non couverts par des financeurs privés » ; mais aussi des prêts d’honneurs et des prêts bonifiés en partenariat avec BPi France.
Enfin, dernier volet financier de la stratégie économique régionale : la création de fonds de garantie destinés à assurer l’accès au financement bancaire pour les dossiers difficiles.
Huit filières privilégiées
Enfin, pour éviter la dispersion de ces financements, huit filières seront privilégies, avec en tête, « l’Industrie et la production industrielle », dont le rôle leader est réaffirmé.
Suivent dans l’ordre : le Bâtiment et les Travaux Publics ; le Numérique ; la Santé ; l’Agriculture, l’Agroalimentaire et la Forêt qu’il convient de bien mieux valoriser ; l’Energie et notamment la verte ; la Mobilité et les Systèmes de transport intelligent ; et enfin : le Sport, la Montagne et le Tourisme, pour fermer la marche.
Les chiffres données tout au long de ce Schéma ont l’immense avantage de pouvoir être confrontés à leur réalisation tout au long de ce mandat, avec le risque pour l’exécutif régional d’un retour de bâton si les objectifs se révèlent loin de leur réalisation.
Pour l’heure, prenons le pari de ce volontarisme, puisqu’il semble bien se donner des moyens pour faire avancer l’économie régionale. Et accentuer les réels avantages concurrentiels que recèle la région. Restera à mettre tout ceci en cohérence. Pas le plus facile…