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Relocalisation : un vrai mouvement en train de s’enclencher ?

 Du fait de sa portée symbolique, c’est la relocalisation qui fait actuellement le plus de bruit médiatique. Fabriqués jusqu’à présent en Asie, les fameux pulls rouges des 5 750 moniteurs de l’Ecole de Ski Français (ESF) sont à nouveau produits en France. Pas en Rhône-Alpes où la cohorte des moniteurs rouges est la plus importante, mais à une encâblure : au Creusot en Saône-et-Loire oû une PME de 130 salariés, Avance Diffusion, a décroché le contrat qui représente 2 500 heures de travail et 15 % de son chiffre d’affaires.

Une relocalisation emblématique illustrant tout de même un vrai mouvement. Il suffit de constater les dernières relocalisations en date. Le fabricant isérois de chaussures, Paraboot, vient ainsi d’annoncer qu’il rapatriait à Tullins la fabrication de ses sneakers, une sorte de chaussures bateau jusqu’ici fabriquées au Portugal. Il a investi 300 000 euros dans des automates pour cette production qui devrait employer six à sept personnes.

La lampe Gibbon d’Habitat relocalisée à Tarare à la société Poncin

Une autre marque toute aussi connue, Habitat, vient de son côté de rapatrier dans le département du Rhône sa lampe fétiche, Ribbon, qui se vend à 8 000 exemplaires et qui était fabriquée jusqu’alors en Chine.

C’est un chef d’entreprise de Tarare, à la tête d’une tôlerie, rencontré par le patron d’Habitat, Hervé Giaoui, par hasard, au détour d’un stand du Salon « Maison & Objet »à Paris, qui a emporté le marché. Les premières Gibbon « made in Rhône » sortiront d’ici quelques semaines de l’usine de la société Poncin.

Le big boss d’Habitat ne s’en cache pas. A petite dose, certes, il envisage de relocaliser d’autres produits, dont ses cocottes en terre.

C’est le type de nouvelles qui met aux anges un fonctionnaire récemment nommé à la Préfecture de la région Rhône-Alpes, à Lyon : Simon Ulmer. Si son collègue, Alexandre Moulin, commissaire au Redressement productif est chargé de gérer les dossiers délicats de sociétés en difficulté, lui a pour mission d’accompagner celles qui investissent (au delà de 3 millions d’euros) et aussi précisément celles qui relocalisent. Il est RUI. Traduisez : Référent Unique Investissement.

Le vibrionnant ministre Arnaud Montebourg a pris deux mesures pour accélérer les relocalisations : il a mis 200 millions d’euros sur la table pour accompagner les chefs d’entreprises désireux de relocaliser.

 Colbert 2.0 : déjà 12 000 clics

Et pour convaincre ces chefs d’entreprise de rapatrier la fabrication de leurs produits, il a mis en ligne un site Web au nom évocateur : Colbert 2.0. Celui-ci prend la forme d’un questionnaire d’une cinquantaine de questions-une demi-heure est nécessaire pour y répondre- permettant aux chefs d’entreprise de vérifier si le rapatriement de leur production présente plus d’avantages que d’inconvénients. Au bilan : 12 000 clics depuis sa mise en ligne…

« Colbert.02 nous a déjà apporté cinq dossiers dont deux sont assez intéressants, dans la Loire et en Haute-Savoie », se félicite le RUI Simon Ulmer. Reste à les concrétiser. Pour l’heure, son rôle consiste aussi à faire la « promo » de Colbert 2.0 auprès des chefs d’entreprise.

Les raisons avancées par les chefs d’entreprises intéressés : « une stratégie d’image, le « made in France » se vendant bien, des problèmes de logistiques et de coûts cachés des fabrications à l’étranger », résume Simon Ulmer.
Plus globalement, il a en main une trentaine de dossiers, dont deux s’annoncent prometteurs : dans la chimie verte et l’équipement automobile. Et d’affirmer : « On note une nette accélération. »

 Certes, sans aucun doute, par rapport à l’encéphalogramme plat qui prévalait auparavant. Il faut bien amorcer le mouvement, mais il faut bien constater qu’il ne s’agit pour l’heure, que de petites séries.

 On imagine que si par bonheur une « grosse » relocalisation se profilait, Arnaud Montebourg le ferait abondamment savoir…