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Rhône-Alpes et la Chine : pourquoi si peu ?

 Le 50ème anniversaire des relations franco-chinoises s’annonçait comme un moment institutionnel un peu ennuyeux. Or, à bien y regarder, il pourrait au contraire constituer un tremplin si les entreprises rhônalpines savent s’en saisir.

 C’est en effet le 27 janvier 1964 que dans un discours resté célèbre, le Général de Gaulle annonçait à la face du monde qu’il avait décidé de renouer des relations diplomatiques avec la Chine. Un tremblement de terre diplomatique à l’époque.

A Lyon, cet anniversaire a été fêté le 5 février au siège de la région Rhône-Alpes, en présence de Lixian Yin, consule générale de Chine à Lyon, de nombreux élus et des chefs d’entreprises parmi lesquels Alain Mérieux, président de l’Institut Mérieux qui a depuis longtemps créé un axe Lyon-Chine.

 Ce fut d’abord l’occasion de rappeler que les relations entre Rhône-Alpes et la Chine ne datent pas d’hier.

 Il y a bien sûr les relations pluri-centenaires autour de la soie engagées par les soyeux lyonnais. Le premier voyage d’industriels lyonnais organisé à l’initiative de la CCI de Lyon date de…1894 !

Créé à Lyon en 1921, l’Institut franco-chinois avait alors accueilli 473 étudiants dont Chou en Laï ou Deng Tsao Ping, faisant figure de creuset de la nouvelle élite communiste

 Plus récemment, en 1986, à l’initiative de Charles Béraudier, était signé un accord de partenariat entre Rhône-Alpes et la région de Shanghai. Jamais depuis, malgré les vicissitudes politiques, ces relations n’ont cessé se traduisant notamment par vingt-cinq partenariats académiques entre les Universités et quinze laboratoires de recherche.

 Un pavillon Rhône-Alpes à Shanghai qui coûte cher

 Puis plus récemment, l’Exposition Universelle de Shanghai a offert l’opportunité à Erai, le bras armé de la région à l’international, de construire un pavillon Rhône-Alpes, l’un des rares bâtiments, avec le pavillon rouge sang de la Chine, à rester pérenne sur le site.

 Accueillant au dernier étage un restaurant d’application de l’Institut Paul Bocuse, pas moins de trente-cinq entreprises rhônalpines et une exposition-vitrine sur Rhône-Alpes et de son économie, ce pavillon qui a coûté et qui coûte encore cher à la région pourrait aussi bientôt devenir « une Maison de l’international » labellisée par le Quai d’Orsay,  a annoncé à cette occasion Jean-Jack Queyranne.

Malgré tous ces investissements, la Chine, deuxième économie mondiale ne pointe qu’à la huitième place des exportations régionales avec 1,58 milliard d’euros, alors qu’elle est le troisième fournisseur de la région (3,92 milliards d’euros). Pour le moins décevant.

170 entreprises rhônalpines en Chine

 Actuellement plus de six cents étudiants rhônapins sont en Chine. Le chinois est la 5ème langue la plus enseignée en Rhône-Alpes, mais on ne compte pour l’heure que 170 entreprises rhônalpines implantées dans l’Empire du Milieu. Ce qui au regard de ce potentiel apparaît peu.

 On retrouve là, la frilosité des entreprises qui du fait de leur petite taille, hésitent à s’attaquer au grand large. Ainsi par exemple, une belle ETI comme Saint-Jean-Industrie (2 000 salariés), équipementier automobile très axé sur l’aluminium, prévoit de s’implanter en Chine cette année seulement. Soit en passant par un partenariat, soit en faisant l’acquisition d’une société locale.

Rhône-Alpes pourrait en revanche profiter des événements à venir pour tenter de passer de la mention « peut mieux faire » à la mention « bien ».

 Pour les PME et ETI, les occasions ne vont pas manquer à lors de cette commémoration du cinquantenaire des relations France-Chine : outre la venue probable du président chinois Xi Jinping, à Lyon en mars, à l’occasion de sa visite d’Etat en France, il leur faudra profiter de la présence d’une forte délégation chinoise lors de Futurallia en juin, des 1ères rencontres Rhône-Alpes Shanghai en juillet, de la multiplication de missions économiques en Chine (avec Imaginove, Lyon bioPôle, Techetera, etc.) et de la création d’un club d’entreprise rhônalpo-chinois…

 La Chine entre dans la société de consommation

C’est le moment ou jamais car les opportunités de business en Chine vont encore s’accroître au cours des années à venir avec l’évolution que connaît ce pays. Tournée essentiellement vers l’exportation, l’économie chinoise est en train d’entrer dans la société de consommation.

 Comme en témoigne l’intégration annoncée de 200 millions de migrants vivant jusqu’à présent en pointillé : ils vont devenir des citoyens à part entière, accentuant le poids d’une classe moyenne dont le pouvoir d’achat croît chaque année au rythme d’une augmentations des salaires de l’ordre de 20 %.

 Son modèle de développement basé sur une croissance à marche forcée via l’export, source de dysfonctionnement et d’une pollution qui devient intenable, est en train de muer vers plus d’harmonie. C’est en tout cas le souhait affiché des nouveaux dirigeants lors du dernier plénum de Parti Communiste.

 Or, ces nouveaux besoins de la Chine correspondent à des offres nombreuses en Rhône-Alpes dans les domaines de l’urbanisme, des écotechs, de l’eau, des traitements des déchets, de la santé, de la gastronomie, etc.

 « Rhône-Alpes a de vraies cartes à jouer avec la montée en gamme de la demande chinoise », assure Nicolas Farrer, auteur d’une étude réalisée par sa société Ekno sur les relations entre Rhône-Alpes et la Chine. Alors ?