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Les chiffres du tourisme lyonnais : un récit optimiste face à la réalité

Les chiffres du tourisme lyonnais font toujours autant parler d’eux, surtout quand la communication officielle se heurte à une critique virulente de certains acteurs du secteur. Alors que la métropole met en avant des indicateurs record, une opposition de poids remet en cause la crédibilité de ces données. Entre optimisme affiché et réalité plus nuancée, il est essentiel de décrypter ce qui se joue réellement dans la balance des chiffres.

Les chiffres du tourisme lyonnais : un récit optimiste face à la réalité

Depuis plusieurs années, la métropole de Lyon revendique une croissance constante dans le secteur touristique. Le baromètre hôtelier officiel, référence incontournable, indique que le RevPAR, c’est-à-dire le revenu moyen par chambre disponible, aurait connu une hausse significative en 2025. En janvier 2024, le RevPAR était de 59,7 euros, alors qu’il atteignait 82,6 euros en janvier 2025, soit une augmentation de 38,4%.

Ce chiffre est présenté comme une véritable victoire pour Lyon, surtout si l’on compare avec la période pré-COVID. En 2019, le RevPAR tournait autour de 62,7 euros. Entre 2019 et 2024, la hausse dépasse 25%, ce qui laisse penser que la ville a su rebondir et même dépasser ses niveaux d’avant crise sanitaire. La métropole insiste aussi sur le fait que le nombre de nuitées en 2024 a progressé de 11% par rapport à 2019, un signe que l’attractivité ne faiblit pas.

Les voix dissonantes : quand la réalité ne correspond pas à la musique officielle

Pourtant, tout n’est pas si simple dans ce concert de chiffres. Deux figures bien connues du secteur, Pierre Chambon et François Gaillard, remettent en cause la communication officielle. Passés dans le camp de Jean-Michel Aulas, ils pointent du doigt des indicateurs qui, selon eux, peinent à refléter la réalité du terrain.

Leur principale critique concerne le RevPAR, qui, malgré la hausse affichée par la métropole, affiche une baisse de -3,5% sur les huit premiers mois de 2025 par rapport à 2024. Sur cette période, le recul est même de -5% par rapport à 2023. Ces chiffres, issus du Baromètre Hôtelier, indiquent que la tendance n’est pas aussi florissante qu’elle le laisse croire. La communication officielle, elle, met en avant une croissance continue et une résilience remarquable.

Année RevPAR (€) Evolution
2019 (avant crise) 62,7
2024 79,8 + 27% par rapport à 2019
Janvier 2024 59,7
Janvier 2025 82,6 +38,4% en un an

Ce tableau illustre bien le contraste entre une croissance perçue et des chiffres plus mitigés si l’on regarde de près la tendance saisonnière ou la période récente. La critique principale des opposants : ces chiffres ne prennent pas en compte la baisse du taux d’occupation ou la pression sur les prix dans certains quartiers. En clair, la hausse du RevPAR ne signifie pas nécessairement que tous les hôtels profitent de la même dynamique.

Le paradoxe des chiffres : entre optimisme officiel et scepticisme critique

Ce décalage entre la communication officielle et la réalité du terrain peut sembler paradoxal. La métropole affirme que la croissance est solide, que la fréquentation touristique est en hausse et que Lyon reste une destination prisée. La réalité, selon certains acteurs, est plus contrastée : des hôtels qui peinent à remplir leurs chambres, une inflation des prix qui peut dissuader certains visiteurs, et une saisonnalité qui reste à équilibrer.

Ce n’est pas la première fois que le secteur touristique lyonnais se trouve dans cette situation. La question centrale tourne autour de la crédibilité des indicateurs, qui peuvent parfois donner une image édulcorée ou surévaluée de la situation réelle. La transparence et la diversité des sources de données sont souvent évoquées pour mieux comprendre la complexité de la situation.

Les enjeux derrière les chiffres et leur perception

Les chiffres, aussi emblématiques soient-ils, ne racontent qu’une partie de l’histoire. La perception des professionnels, des commerçants et des touristes joue un rôle tout aussi crucial. La croissance du secteur ne garantit pas forcément une amélioration uniforme pour tous les acteurs. Certains hôtels ou commerçants peuvent ressentir un décalage entre la statistique et leur quotidien.

Les chiffres officiels, aussi optimistes soient-ils, doivent donc être analysés avec nuance. La hausse du RevPAR, par exemple, peut cohabiter avec des problématiques de rentabilité pour certains établissements ou des difficultés pour attirer une clientèle diversifiée. La saisonnalité, la concurrence régionale ou encore la saturation de certains quartiers peuvent aussi influencer la dynamique réelle.

Quelle lecture faire de ces données pour l’avenir du tourisme lyonnais ?

Il est évident que Lyon doit continuer à investir dans la qualité de son offre touristique, tout en restant vigilant face à la réalité du terrain. La diversification de l’offre, la valorisation des quartiers moins fréquentés et une meilleure compréhension des comportements touristiques seront essentielles pour maintenir cette croissance.

Les chiffres doivent servir d’outil pour ajuster les stratégies, pas seulement comme une vitrine d’un succès indiscutable. La transparence et la communication sincère entre acteurs publics et privés seront clés pour faire face aux défis à venir.

En définitive, le secteur touristique lyonnais est à un tournant. Si la ville veut continuer à tirer parti de son rayonnement, elle devra faire preuve de lucidité pour transformer ces chiffres en leviers concrets de développement, tout en restant à l’écoute des réalités du terrain. La bataille des chiffres n’est qu’un reflet d’un secteur en pleine mutation, où chaque acteur doit jouer sa partition pour que la mélodie reste harmonieuse.