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Fermeture imposée des loisirs indoor dans la Métropole Lyonnaise : « Si nous ne pouvons pas ouvrir pour les vacances scolaires, nous irons droit dans le mur »

Luc Peyre est le gérant des multiplexes de loisirs lyonnais Exalto et Président du syndicat national des Loisirs Actifs (SLA). Il s’inquiète à ces différents titres de la fermeture prolongée des sites de loisirs indoor :

« C’est un coup dur pour toute la profession. Après avoir connu trois mois complets de fermeture au printemps dernier, après un été timide en termes de fréquentation (la météo et le climat anxiogène créé n’aidant pas), et alors que l’activité commençait tout juste à reprendre des couleurs, le couperet est tombé : fermeture obligatoire pendant au minimum 15 jours.

Cette nouvelle a été violente : nous avons écouté les déclarations à la presse du Préfet et nous avons scruté les informations données sur le site de la Préfecture, mais à aucun moment nos établissements n’étaient concernés par les fermetures. C’est presque par hasard, à la lecture du décret qui est sorti plusieurs heures plus tard, que nous avons découvert que notre catégorie d’Etablissement Recevant du Public avait été rajoutée. Mais encore une fois, les interprétations étaient multiples, et aucun acteur du monde du loisir indoor ne savait réellement s’il pouvait ouvrir ou non.

C’est un fait : nous sommes les grands oubliés et les grands perdants… Nous n’avons pas de tête d’affiche pour nous défendre dans les médias, nous n’avons pas de ministre dédié à notre secteur, nous ne sommes pas de grandes entreprises qui tutoient le pouvoir.

« Le monde du loisirs ». Secteur idéalisé et pourtant la réalité est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il est vrai que nous sommes des créateurs d’émotion, des distributeurs de lien social, qu’il est agréable de travailler dans des espaces où les personnes sont heureuses de venir chez nous. Mais c’est également un monde où il faut travailler quasiment toute l’année avant d’arriver à l’équilibre, où les investissements, nécessaires pour survivre, doivent être réguliers et sont conséquents, où les loyers représentent 30% de notre chiffre d’affaire et tout autant pour notre masse salariale…

Le moindre grain de sable grippe ainsi la machine et depuis mars dernier, c’est une tempête désertique que nous nous recevons sur la tête. Il y a quelques aides, notamment avec le chômage partiel et le PGE, il est vrai, et nous en sommes reconnaissants afin de pouvoir conserver nos équipes, mais elles restent infimes à côté des pertes que nous avons déjà eues.

Nous commencions à retrouver l’espoir, mais si nous devons fermer pendant les vacances scolaires, la perte se chiffrera en seulement 15 jours de fermeture en centaine de milliers d’euros uniquement pour nos deux sites Exalto à Villeurbanne et Dardilly, et plusieurs millions d’euros pour l’ensemble des acteurs du loisir indoor lyonnais.

Le décret actuel nous permet de recevoir les mineurs dans le cadre d’activités extra scolaires et centres aérés ; les adultes pouvant rester assis en tant qu’accompagnant dans des espaces réservés. Cela représente une goutte d’eau en réalité de notre chiffre d’affaire, nous demandons donc de pouvoir accueillir également les mineurs dans le cadre privé.

Aucun cluster n’est apparu dans notre secteur. Cela s’explique par le fait que nous avons mis en place un protocole sanitaire strict et validé par le Gouvernement. Nous permettons ainsi aux personnes de s’évader, le temps d’un instant, de ce contexte morose, en toute sécurité. Enlevez les trampoline park, les escape game, les bowling, les salles d’arcade, les laser game, les karting, les plaines de jeux… Enlevez les salles de sport, d’escalade, de parcours Ninja et limitez l’accès à la culture…

Que reste-t-il ? C’est un confinement déguisé où il est seulement permis de se rendre au travail et de consommer.

Nous défendons le droit à s’amuser et se divertir, en toute sécurité, comme nous le faisons depuis des années, au risque d’un repli sur soi dangereux pour tous. C’est pourquoi, nous demandons à la Préfecture du Rhône, mais également au Gouvernement, à travailler en collaboration avec les professionnels que nous sommes, à savoir engagés, responsables et raisonnés, et nous permettre la réouverture (au moins pour les mineurs) pour les vacances scolaires de nos parcs de loisirs, créateurs d’emplois, et vecteur du dynamisme territorial.”