Lyon renature le ruisseau de la Mouche pour préserver sa biodiversité

Une opération stratégique pour la Métropole et ses partenaires
Dans un contexte de pression croissante sur les milieux naturels et les ressources en eau, la Métropole de Lyon poursuit sa stratégie ambitieuse de restauration écologique. Dernier exemple en date : la renaturation du ruisseau de la Mouche, à Saint-Genis-Laval, au sud de l’agglomération lyonnaise. Achevé fin 2024, ce chantier discret, mais à fort impact écologique et territorial, s’inscrit dans le cadre du programme GEMAPI, piloté par la Métropole, et mobilise à la fois des acteurs publics, des entreprises et des riverains.
Longtemps ignoré ou malmené par l’urbanisation, ce petit cours d’eau a fait l’objet d’une profonde revalorisation sur 200 mètres, dans une zone industrielle jusqu’ici non accessible au public. Objectif : rétablir un fonctionnement hydraulique et écologique naturel, favoriser le retour de la faune et de la flore aquatiques, tout en limitant les risques d’inondation. Le projet a représenté un investissement de 342 950 €, financé à 70 % par l’Agence de l’eau.
GEMAPI : un levier environnemental et économique pour la Métropole
La compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations), confiée aux intercommunalités depuis 2018, structure désormais une part importante des politiques environnementales à l’échelle locale. La Métropole de Lyon a adopté sa propre stratégie en septembre 2023, avec deux axes prioritaires : maintenir le bon fonctionnement écologique des milieux aquatiques et renforcer la résilience face aux risques hydrauliques. Pour y parvenir, un plan d’action pluriannuel de 40 millions d’euros a été acté.
Le projet de la Mouche constitue une des premières concrétisations visibles de cette stratégie. Il vient compléter d’autres opérations de renaturation déjà engagées ou à venir sur l’ensemble du territoire métropolitain, notamment à Oullins-Pierre-Bénite, Écully, Décines-Charpieu, Champagne-au-Mont-d’Or et Saint-Didier-au-Mont-d’Or.
Une opération technique qui repose sur l’expertise locale
Les travaux de renaturation du ruisseau de la Mouche ne se résument pas à un simple nettoyage de berges. L’intervention a impliqué une approche systémique et écologique, mobilisant plusieurs expertises complémentaires : ingénierie hydraulique, aménagement paysager, écologie des milieux humides, génie végétal, gestion des espèces invasives.
Concrètement, l’équipe projet a mené plusieurs actions clés :
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l’évacuation de deux tonnes de déchets divers ;
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la restauration d’une mare existante ;
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l’élimination d’espèces végétales invasives ;
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la création de méandres pour rétablir la continuité piscicole et sédimentaire ;
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la plantation de 1 200 végétaux sur les berges pour stabiliser le sol et favoriser la biodiversité ;
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l’installation d’un hibernaculum, refuge pour les insectes, amphibiens et petits poissons.
Ce type d’opération s’appuie sur une logique de co-construction entre les services de la Métropole, les écologues, les élus locaux et les usagers du territoire. Dans le cas du ruisseau de la Mouche, la collaboration avec l’entreprise SOTIS — propriétaire d’une parcelle en amont — et avec l’association des riverains a été déterminante. L’entreprise a notamment organisé une journée de sensibilisation pour ses salariés dans le cadre de la Journée de la Terre.
Un projet pilote à valeur pédagogique et économique
Au-delà de l’enjeu environnemental, cette démarche illustre une vision élargie de l’investissement public, où l’aménagement du territoire croise des objectifs sociaux, éducatifs et économiques. Chaque année, la mairie de Saint-Genis-Laval organise une randonnée pédagogique le long du ruisseau dans le cadre des Journées du patrimoine. Ce type d’initiative permet de renforcer l’ancrage local du projet et d’impliquer durablement les habitants dans la protection de leur cadre de vie.
À l’échelle économique, les projets de renaturation génèrent de l’activité pour des TPE et PME spécialisées dans les travaux publics, la gestion des milieux naturels ou encore l’ingénierie environnementale. Ils participent également à la valorisation foncière de secteurs industriels souvent dégradés, comme c’est le cas ici.
En intégrant de tels projets dans sa politique d’investissement, la Métropole crée une dynamique d’innovation locale, qui s’inscrit pleinement dans les orientations du Plan Climat, de la stratégie de résilience et du plan de relance économique territorialisé.
Une approche écologique au service de l’attractivité métropolitaine
Ce chantier, modeste par sa taille, incarne néanmoins un tournant. Il illustre une forme de nouvel urbanisme, où les marges de l’agglomération ne sont plus perçues comme des zones oubliées ou sacrifiées, mais comme des espaces de reconquête écologique. Une logique que confirme Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon : « Grâce à ces actions, nous redonnons vie à un cours d’eau qui avait quasiment disparu. » Même ton du côté d’Anne Grosperrin, vice-présidente en charge du cycle de l’eau, qui souligne la volonté d’« un territoire vivant et résilient ».
La renaturation devient ici un outil d’attractivité, contribuant à la qualité de vie, à la transition écologique et à l’image de marque du territoire. En période de compétition entre métropoles, la capacité à proposer des modèles d’aménagement plus durables devient un critère différenciant.
Un territoire test pour de futures coopérations publiques-privées
Enfin, ce type de projet ouvre la voie à des coopérations renforcées entre acteurs publics et entreprises privées locales. Que ce soit pour la gestion de parcelles, la création de mobilier en bois, le suivi environnemental ou l’organisation d’événements participatifs, le besoin d’acteurs engagés et spécialisés est en croissance.
Le développement de projets à l’interface entre écologie, prévention des risques, pédagogie et aménagement du territoire représente une opportunité pour les entreprises de la région AURA, notamment dans les secteurs de l’ingénierie, du bâtiment durable, du paysage ou encore de la médiation environnementale.