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Olivier MICHEL est à la tête de plusieurs entreprises et, en tant que fervent ambassadeur de la ville de Lyon, préside My Presqu’Ile, l’association des commerçants de la presqu’île. En avril 2020, il prenait la parole face caméra pour partager ses premières réactions face à cette crise inédite. Aujourd’hui, il dresse un premier bilan en demi-teinte.

LE – Bonjour Olivier Michel, vous êtes à la tête de plusieurs entreprises lyonnaises parmi lesquelles la très visible (en temps normal) Lyon City Tour. Vous êtes également le président de l’association My presqu’Ile. C’était à ce titre qu’il y a un an, presque jour pour jour, vous nous expliquiez comment avec vos 250 adhérents commerçants de la presqu’ile, vous vous mettiez en ordre bataille pour affronter cette crise. 12 mois et trois confinements plus tard, est-ce que vous pouvez dresser un premier bilan ?

OM – Ce qui est bien (si on peut dire) c’est qu’aujourd’hui, on est plus 250 mais pratiquement 700 ! On a fédéré 10 associations de commerçants des rues de la presqu’île,
ce qui a permis de gonfler le nombre d’adhérents. Ce n’est pas pour en avoir le plus possible mais pour essayer de fédérer au maximum. On a vraiment œuvré
auprès des commerçants, de la CCI, de la Métropole, de la Ville de Lyon pour être entendu sur tous les différents sujets.

Effectivement, en fonction des aléas des choix des gouvernements de fermer de rouvrir, de fermer à nouveau, rouvrir encore, certains commerces, malheureusement, subissent. Ils ont le droit d’ouvrir mais n’ont pas de clients, beaucoup de gens dans la rue, mais sur les quais et surtout aux terrasses de cafés fermés, ou qui se baladent… On peut vraiment dire avoir le job pour essayer d’aider au maximum les gens.

La cohésion et l’entre-aide que suggère l’associatif a dû fonctionner à plein. Quels ont été les moyens mis en œuvre, et comment cela se passe-t-il au quotidien quand on est commerçant en presqu’ile ?

On a fait des webinaires, on a essayé de vraiment être à leur côté pour essayer de s’en sortir au plus fort de la crise. Et puis on est adhérent de la CAMF qui est la réunion d’une quinzaine de métropoles françaises et là, on est en direct avec Bercy pour essayer de travailler sur les sujets de stock, sur les sujets de réouverture, de planification. Trouver des solutions de sortie de crise et de financements. On a beaucoup travaillé avec les institutionnels en créant des numéros verts sur notamment la CCI, où les commerçants pouvaient appeler quand ils étaient en souffrance et en mal être, parce que ça arrive aussi. On a beau être patron de son petit commerce, on peut avoir un coup de mou. Et comment est ce que je peux être accompagné ? Comment je peux être aidé ? La CCI a été très, très, très suiveur sur le sujet ils nous ont bien épaulé. La métro et la Ville aussi, avec qui on avait des liens permanents pour essayer de trouver des solutions.

Toutes ces infos étaient sur notre fil WhatsApp. J’en avais parlé il y a un an. A l’ouverture du confinement, on avait déjà vécu les gilets jaunes et les grèves. Maintenant les confinements et notre fil WhatsApp continue d’être actif pour tenir informé toute la communauté. Et puis, à partir de fin septembre, on a la grosse volonté de faire une grande braderie sur la presqu’île de Lyon avec justement l’ouverture de tous les commerces.

Avez-vous le sentiment que cette période vous aura rapproché ou au contraire, divisé ?
Divisé pas du tout pas du tout. Rapproché certainement ! Elle nous a aussi permis de nous rencontrer. On a vécu un changement de mandature sur la Métropole et sur la ville de Lyon. Ça nous a aussi permis d’aller plus vite et plus loin avec les nouveaux élus et donc de réfléchir avec leurs nouvelles visions à comment on pourrait demain, acter des changements au niveau du commerce de centre ville.

A postériori, avez-vous trouvé toute l’aide dont vous aviez besoin ? Les partenaires, ont-ils vraiment joué le jeu ? Que ce soit les instances gouvernementales, financières ou syndicales ?

Oui et non. Beaucoup de gens ont joué le jeu. Le gouvernement a joué le jeu. Par contre, il y a encore beaucoup de complexité dans le système parce que certaines grandes surfaces continuent à vendre des choses qu’elles n’ont pas droit de vendre. Et personne ne dit rien. Les gens n’ont pas le droit de sortir le soir après 19 heures. Vous sortez en ville, c’est comme si vous sortiez à 16 heures. Aujourd’hui, le préfet a fermé les quais. Mais il y a plein de monde sur les quais.

Je dirais oui et non, parce qu’il y a deux poids, deux mesures. Les restaurateurs ont eu la chance de faire de la vente à emporter. Certains ont décidé de finalement pas en faire pour des choix stratégiques financiers. D’autres en ont fait plein. Il y en a qui qui ont surfé sur la vague, d’autres moins. Donc, oui et non…

Plus gone que vous à Lyon, c’est difficile de trouver. Le secteur du CHR a particulièrement été impacté. Que va-t-il nous rester de Lyon capitale de la gastronomie ?

Plein de choses parce qu’il n’y a pas qu’à Lyon que ça a souffert. Moi, ça fait 48 ans que je suis un vrai Gone, que j’aime ma ville, que je n’arrête pas de dire à tout le monde que c’est la plus belle ville du monde. Le CHR, à mon avis, va vraiment faire un grand boum à la sortie de crise. Alors je parle surtout au niveau des restaurants et des bars parce que je pense que les gens auront besoin de sortir. Quand vous interrogez les gens dans la rue « qu’elle est la première chose que tu vas faire ? » C’est d’aller au resto ou boire un coup dans un bar ou prendre un petit noir au comptoir le matin. Juste des choses simples, en fait.

J’ai peur que les hôteliers souffrent. Les boites de nuit aussi. Sans doutes que les gens ne voudront pas se confiner dans de tels endroits. Je pense que même si la visio s’est développée, les gens au bout d’un an sont fatigués de la visio. Du coup, c’est aussi l’opportunité pour ce secteur d’activité de rebondir et de se transformer. On va voir comment le gouvernement va agir. Il va se passer des choses et les gens vont changer de culture. Les gens ont besoin de sortir d’autant que les beaux jours arrivent.

Plus largement, vous qui êtes aussi un professionnel du tourisme, quand pensez-vous remplir à nouveau vos bus terrasses que l’on puisse les voir sillonner les rues de Lyon à nouveau ? On susurre le 15 mai comme nouveau redémarrage. Vous y croyez ?

Je suis plutôt optimiste par rapport à ce qui va se passer dans le futur. Moi, dans le tourisme, j’ouvre une boutique spéciale dédiée à Lyon : Oh My Gone ! Et puis, j’espère que les touristes, effectivement, reviendront. On a réfléchi avec mes équipes sur de nouvelles opportunités pour dire aux Lyonnais et grands Lyonnais et même Rhônalpins « venez à Lyon parce qu’en fait, vous avez plein de choses que vous avez pas vu et qu’on aimerait vous faire découvrir ».

Alors on a créé de nouveaux packages atypiques. Avec des food tour, on va travailler en partenariat avec les bouchons lyonnais. Aujourd’hui, on avait une ligne de bus qui faisait globalement la presqu’île Confluences et Fourvière. Demain, enfin dès l’ouverture, on ouvrira une nouvelle ligne qui va faire toute la rive gauche avec les Halles Paul Bocuse, les Brotteaux, le parc de la Tête d’Or, pour redécouvrir un autre tour différemment.

Selon vous, quels enseignements ou que pourra-t-on retenir de cette crise ? Avec le recul êtes-vous d’accord avec les choix des autorités ? L’ouverture des dimanches hors période de soldes aurait-elle été un vrai coup de pouce ?

Ce qui va changer après, c’est qu’on sera toujours dans l’expectative avec la crainte que ça puisse se reproduire. On aura vécu une fois, comme on a vécu les guerres. Malheureusement, il y a un siècle, il y a des choses qui se passent et je pense que les gens ont réfléchi à faire différemment. Ils ont développé leur site Internet. Ils ont développé le système de click and collect, donc il s’est passé des choses clairement dans la plupart des commerçants. Tous n’ont pas fait d’évolutions spectaculaires, mais la plupart en ont fait. Et donc, il y a un vrai système de synergie. On travaille aussi avec les vitrines des pentes. Il y a eu un plan qui a été créé. Il se passe des choses. Donc forcément, ça sera différent par la suite.

Concernant l’ouverture des dimanches, moi, j’ai toujours prôné. Je le prône encore et toujours. Même si certains commerçants de My Presqu’île sont contre, je suis persuadé que l’ouverture des dimanches, comme dans le Vieux Lyon, doit se faire toute l’année sur la presqu’île. Si on se veut une ville internationale et que les touristes n’aient pas besoin que d’aller dans le Vieux Lyon. Même si j’adore les commerçants du Vieux Lyon, mais moi en tant que président, je défends la presqu’île. Et je suis intimement convaincu que c’est important d’ouvrir le dimanche.

Après, les politiques actuelles de la ville et de la métro sont contre. Mais il faudra s’adapter. C’est eux qui décident, on fait nos soumissions, j’entends les remarques qui sont faites.
Mais je suis persuadé que dans une ville internationale comme Lyon, on devrait faire comme toutes les villes internationales du monde et ouvrir le dimanche.

L’entrepreneur que vous êtes n’est pas resté les bras croisés. Que nous préparez-vous pour la vie de demain ?

Sur la partie bus, la nouvelle ligne qui va s’opérer ; des visites à thématiques – on travaille avec l’office de tourisme pour une visite des murs peints de toute la ville de Lyon, car c’est quand même assez emblématique dans notre cité – des thématiques de visites pour que les Lyonnais redécouvrent leur ville d’une façon différente, avec des apéros, des mâchons.

On a réécrit complètement la stratégie en déplaçant notre agence qui était rue Chenavard à côté de la place des Terreaux. On est maintenant au 1 rue de la Martinière, installé face à la plus belle fresque de Lyon, la fresque des Lyonnais. De mon bureau, je la vois tous les matins ! C’est extraordinaire. On s’aperçoit qu’il y a énormément de gens qui continuent à venir tous les jours la prendre en photo.

Avec l’ouverture de Oh My Gone ! nous allons ouvrir une boutique dédiée aux Lyonnais. On a vraiment envie que les Lyonnais s’accaparent cet endroit. Une grande partie de nos produits seront à 70% Made in Lyon ou Métropole. En tous cas, on s’évertue à travailler qu’avec des partenaires locaux. On aura des bracelets en soie, des pots lyonnais, etc. On va signer une convention de distribution exclusive des bouchons lyonnais avec une grande variété de produits typiques des bouchons lyonnais tels que des tabliers, des ustensiles de cuisines, … On aura une deuxième partie de la boutique dédiée aux artistes lyonnais où tous les mois, on pourra découvrir un nouvel artiste, un peintre, un photographe, un tailleur… L’idée, est que les gens s’approprient ce lieu pour présenter leurs œuvres. Des jeunes lyonnais, en devenir plus que déjà connus et reconnus pour les mettre en avant, avec cette boutique ouverte 7 sur 7 de 10 heures du matin à 19 heures. On aura l’opportunité de couvrir dans notre secteur d’activité du tourisme, une large palette de timing pour que les gens puissent découvrir ces nouveaux artistes.

Merci Olivier Michel,