En Auvergne-Rhône-Alpes, les ménages agricoles affichent le plus faible niveau de vie de France
En 2020, 49 300 ménages agricoles étaient recensés en Auvergne-Rhône-Alpes, soit 12 % des ménages agricoles de France métropolitaine. Malgré un poids important dans l’aménagement du territoire et l’activité rurale, ces ménages affichent le niveau de vie médian le plus bas de toutes les régions françaises, selon l’étude publiée en février 2025 par l’Insee en partenariat avec la Draaf Auvergne-Rhône-Alpes.
Des revenus agricoles minoritaires dans le revenu des ménages
Le revenu disponible annuel moyen des ménages agricoles de la région s’élève à 42 600 euros, contre 49 600 euros en moyenne nationale. Seuls 29 % de ce revenu proviennent des bénéfices agricoles. Le reste est constitué pour moitié de revenus d’activités non agricoles (salaires, activités de diversification, etc.), et pour 19 % de revenus du patrimoine. Les pensions, retraites, rentes et prestations sociales représentent 20 % du revenu disponible, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne nationale.
Les bénéfices agricoles, bien qu’au cœur de l’activité des exploitants, ne dépassent jamais 33 % du revenu disponible, contre 41 % à l’échelle nationale. Cette part descend même à 7 % pour les 10 % des ménages agricoles les plus modestes de la région.
Le niveau de vie médian le plus faible de France métropolitaine
En Auvergne-Rhône-Alpes, les personnes vivant dans un ménage agricole disposent d’un niveau de vie médian annuel de 20 500 euros, contre 22 800 euros en moyenne nationale. Ce chiffre place la région en dernière position parmi toutes les régions métropolitaines. Par ailleurs, 20,1 % des membres de ces ménages vivent sous le seuil de pauvreté, contre 16,2 % au niveau national. Cela fait de la région l’une des trois plus touchées de France en matière de pauvreté monétaire agricole.
Des disparités selon la taille et la spécialisation des exploitations
Les petites exploitations sont surreprésentées dans la région : elles concernent 30 % des ménages agricoles (contre 24 % au niveau national). Ces ménages affichent un niveau de vie médian de 18 300 euros et un taux de pauvreté de 27,2 %, des résultats inférieurs à la moyenne nationale. À l’inverse, seuls 13 % des ménages agricoles exploitent une grande structure (contre 25 % au niveau national), bien que ces derniers soient ceux dont le niveau de vie est le plus élevé (24 500 euros).
L’élevage d’herbivores pèse sur les revenus agricoles régionaux
L’étude met en évidence le poids de certaines spécialisations agricoles, moins lucratives, dans les écarts de revenus. L’élevage d’herbivores représente 52 % des exploitations de la région contre 37 % à l’échelle nationale. Les éleveurs de bovins viande (20 % des ménages agricoles régionaux) perçoivent un niveau de vie médian de 19 000 euros, avec un taux de pauvreté de 22,9 %. Les producteurs laitiers, bien plus nombreux en région qu’au niveau national (17 % contre 12 %), ont un niveau de vie médian inférieur à la moyenne (20 400 euros) et un taux de pauvreté significativement plus élevé (19 % contre 15,1 %).
Les filières les plus rémunératrices restent minoritaires
Les exploitations orientées vers les grandes cultures ou la viticulture, historiquement plus rentables, sont moins représentées en Auvergne-Rhône-Alpes qu’ailleurs. La viticulture, par exemple, ne concerne que 8 % des ménages agricoles contre 13 % à l’échelle nationale. Leur niveau de vie médian s’élève à 23 900 euros, inférieur de plus de 3 000 euros à la moyenne des viticulteurs de France métropolitaine.
Un rôle atténué par la composition des ménages
Les ménages agricoles composés d’au moins une personne non exploitante (soit 70 % des cas) présentent des niveaux de vie médians plus élevés (21 300 euros) et sont moins exposés à la pauvreté. En revanche, les ménages où l’exploitant est seul contributeur (20 % des ménages agricoles) affichent un niveau de vie médian de seulement 15 300 euros et un taux de pauvreté supérieur à 40 %.
De fortes disparités territoriales dans la région
La situation varie sensiblement d’un territoire à l’autre. Les niveaux de vie médians les plus faibles se retrouvent dans la partie méridionale de la région – notamment en Ardèche, dans le Cantal, la Drôme, la Loire et le Puy-de-Dôme – où prédominent les petites exploitations et l’élevage d’herbivores. À l’opposé, les intercommunalités du nord-est, de la vallée du Rhône et de l’agglomération de Clermont-Ferrand présentent des niveaux de vie bien plus élevés, portés par une diversification des activités agricoles et une meilleure proximité des bassins d’emploi.
Dans les EPCI les plus aisés (niveau de vie médian supérieur à 24 500 euros), situés notamment en Haute-Savoie et dans l’Ain, les exploitations sont davantage orientées vers les grandes cultures ou des produits à forte valeur ajoutée comme les fromages AOP. Ces territoires sont également ceux où les ménages agricoles exercent le plus fréquemment une activité complémentaire en dehors de l’exploitation.